Mawdo Jallow est un conservateur de la faune et de la flore et un point focal CITES pour la Gambie, activement engagé dans la conservation des tortues marines par la mise en place d'écloseries. Il contribue également à l'élaboration d'un guide d'identification des espèces CITES adapté à la Gambie.
Une photo de Mawdo Jallo
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Parlez-nous un peu de votre enfance et de l'origine de votre passion pour la faune et la flore.
Le programme de maîtrise de la CITES a été pour moi un voyage transformateur Il a aiguisé ma capacité à rassembler et à interpréter des données cruciales dans mon domaine, ce qui m'a permis de prendre des décisions bien informées qui tiennent compte à la fois des idées scientifiques et des aspects techniques Ces compétences se sont révélées inestimables, non seulement pour élaborer des politiques efficaces, mais aussi pour contribuer à l'élaboration d'une législation digne de ce nom L'un des points forts de mon expérience a été de travailler à la rédaction du projet de loi CITES de la Gambie, où j'ai appliqué les connaissances et les compétences que j'ai acquises pour naviguer dans les complexités des résolutions et des règlements de la CITES Le programme a approfondi ma compréhension des initiatives de la CITES et a renforcé mon engagement à protéger et à gérer les espèces inscrites aux annexes de la CITES, ainsi que d'autres espèces sauvages menacées d'extinction. Mais au-delà des connaissances techniques et du travail politique, c'est l'accent mis par le programme sur la conservation qui a véritablement éveillé ma passion pour la protection de la vie sauvage Ce voyage a non seulement élargi mes capacités professionnelles, mais il a également renforcé mon engagement à préserver l'incroyable biodiversité de notre planète.
Quel a été le point fort de votre carrière dans le domaine de la conservation de la faune et de la flore en Gambie?
Le point culminant de ma carrière dans le domaine de la conservation de la faune et de la flore en Gambie a sans aucun doute été ma participation à la conservation des tortues marines. La création d'écloseries pour protéger ces espèces menacées et la réussite de la libération des nouveaux-nés dans la nature ont été incroyablement gratifiantes. En outre, j'ai coécrit des publications importantes sur le vautour à capuchon et j'ai contribué à l'élaboration du guide d'identification des espèces de la CITES en Gambie. La direction de l'unité de recherche et de développement du département des parcs et de la gestion de la faune (DPWM) m'a permis de superviser des projets cruciaux en matière de biodiversité, qu'il s'agisse de surveiller des mammifères aquatiques comme les lamantins et les dauphins ou de coordonner des initiatives régionales de conservation. Ces expériences ont renforcé ma passion pour la préservation de la riche biodiversité de notre pays et ont façonné mon engagement dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages.
Pouvez-vous partager une histoire qui vous donne espoir pour la conservation de la faune?
Une histoire qui me permet de garder espoir pour la conservation des espèces sauvages en Gambie et au-delà est le succès de la collaboration que nous avons eue pour protéger le lamantin d'Afrique de l'Ouest, une espèce gravement menacée. Il y a quelques années, les lamantins étaient gravement menacés par la chasse et la perte d'habitat, et les communautés locales étaient peu conscientes de leur importance écologique. Dans le cadre d'un programme régional, nous avons formé des pêcheurs locaux et des membres de la communauté, ainsi que des gestionnaires de zones protégées en Gambie et en Sierra Leone, à des pratiques de conservation durables. Je me souviens très bien d'un pêcheur qui avait déjà chassé les lamantins et qui nous a fait part de sa nouvelle compréhension de leur rôle dans le maintien d'écosystèmes aquatiques sains. Il a même pris l'initiative de sensibiliser ses pairs, devenant ainsi un protecteur de l'espèce qu'il chassait autrefois. Sa transformation, associée à la participation active des membres de la communauté, a entraîné une diminution de la chasse aux lamantins et une meilleure protection de leurs habitats. Ce changement induit par la communauté, associé à une collaboration transfrontalière, me donne l'espoir que nous pouvons protéger et préserver les espèces menacées par la sensibilisation et l'action collective, bien au-delà de nos frontières.
Mawdo effectue des recherches sur l'identification d'un type de crocodile trouvé en Gambie en 2006
En tant que point focal de la CITES pour la Gambie, quelle est votre opinion sur le rôle des politiques mondiales dans le renforcement de la conservation des espèces sauvages au niveau national?
Les politiques mondiales jouent un rôle crucial dans le renforcement des efforts nationaux de conservation de la faune et de la flore sauvages en établissant des normes et des lignes directrices qui alignent les pays sur les objectifs de conservation mondiaux. La CITES, par exemple, réglemente le commerce des espèces menacées et contribue à protéger la biodiversité contre l'exploitation illégale et les pratiques non durables.
L'un des aspects les plus importants de la CITES est sa capacité à faire prendre conscience de l'urgence de la protection de la faune et de la flore. L'adhésion de la Gambie à la CITES a entraîné l'élaboration d'une législation nationale et de sanctions plus strictes pour les crimes commis contre les espèces sauvages. Ce cadre a catalysé des actions telles que la surveillance des espèces, la planification de la conservation et la formation des agents chargés de l'application de la loi - des étapes essentielles de notre travail.
Les politiques mondiales offrent également un soutien technique et financier, ce qui est vital pour les pays dont les ressources sont limitées. Grâce à la CITES, notre personnel a reçu une formation à l'identification des espèces et à l'application de la loi, ce qui a permis de renforcer les capacités nationales. Ces politiques favorisent la collaboration régionale, ce qui nous permet de traiter plus efficacement les problèmes transfrontaliers tels que le commerce illégal d'espèces sauvages et la gestion des habitats. En outre, la CITES met l'accent sur la prise de décision fondée sur la science, ce qui a poussé la Gambie à améliorer la collecte de données et les systèmes de surveillance. Cela a permis de renforcer les partenariats entre les autorités nationales, les ONG et les communautés, créant ainsi un front uni pour la conservation. Par exemple, nous avons récemment élaboré un projet de loi sur la CITES, qui en est actuellement au stade final, et soumis une stratégie nationale de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages pour approbation.
Cornes confisquées de Sitatung
La question complexe du maintien de la biodiversité en Afrique et de la protection des espèces sauvages restantes reste un sujet d'actualité dans le domaine de la conservation sur tout le continent. En tant que professionnel de la faune, quelles sont, selon vous, les solutions les plus pratiques?
Le maintien de la biodiversité de l'Afrique et la protection des espèces sauvages restantes constituent sans aucun doute l'un des défis les plus urgents en matière de conservation aujourd'hui. Les solutions pratiques pour protéger la biodiversité et la faune africaine impliquent une approche à multiples facettes qui combine l'engagement communautaire, l'application de la loi, la restauration de l'habitat, l'utilisation durable des terres, l'éducation, le tourisme, la recherche scientifique et la coopération internationale. En relevant ces défis de manière collaborative et systématique, nous pouvons améliorer les perspectives à long terme pour la faune et les écosystèmes d'Afrique.
Restez-vous optimiste quant à la possibilité d'une coexistence entre les hommes et les animaux sauvages en Afrique?
Oui, je reste optimiste et pense que la coexistence entre les hommes et les animaux sauvages est possible en Afrique, même si elle nécessite une collaboration et des solutions innovantes. La riche biodiversité de l'Afrique coexiste avec des populations humaines en croissance rapide, ce qui crée à la fois des défis et des opportunités. Mon optimisme provient de la reconnaissance croissante de la valeur de la faune sauvage dans le soutien des moyens de subsistance, notamment par l'écotourisme et l'agriculture durable. De nombreuses communautés perçoivent aujourd'hui les avantages économiques de la conservation, ce qui a conduit à des initiatives fructueuses telles que des programmes communautaires dans le cadre desquels les habitants gèrent des zones de faune et de flore sauvages et en récoltent les fruits.
Les exemples inspirants abondent, comme ces agriculteurs qui utilisent des clôtures en forme de ruche pour protéger leurs cultures des éléphants ou qui travaillent avec des groupes de protection de la nature pour créer des zones tampons et des corridors pour les animaux sauvages. Les gouvernements intègrent de plus en plus la conservation dans leurs politiques nationales, reconnaissant l'importance économique, culturelle et écologique des espèces sauvages. Je vois également un espoir dans la passion de la jeune génération pour la conservation, avec une prise de conscience croissante par l'éducation et les médias, ce qui favorise les pratiques durables. Bien qu'il reste des défis à relever, la collaboration continue entre les gouvernements, les communautés et les organisations peut favoriser un avenir où les personnes et les espèces sauvages prospèrent ensemble. La coexistence n'est pas seulement possible, elle est à portée de main.
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