Notre ami du mois de novembre est Geoffrey Nacha, qui a récemment pris ses fonctions de directeur national au Nigeria pour Africa Nature Investors (ANI), qui a pour objectif d’apporter du leadership africain, des capitaux et un soutien populaire à la conservation.
Quelle est votre région d’origine et avez-vous pu observer de nombreux animaux sauvages quand vous étiez enfant ?
J’ai grandi dans l’État d’Adamawa, au nord-est du Nigeria. Contrairement à de nombreux défenseurs de l’environnement qui ont le privilège de grandir entourés d’animaux sauvages, j’ai grandi dans une ville où il n’y en avait pas et les seules histoires à leur sujet que j’ai entendues m’étaient racontées par mon père, décédé tôt, ou de mon grand-père à quelques occasions lorsque je lui rendait visite au village. Ma passion pour la faune sauvage a commencé au cours de mon premier cycle tandis que j’essayais de devenir médecin. Après avoir suivi un cours de zoologie et été exposé la Nature, j’ai réalisé que ma véritable passion était la conservation de la vie sauvage. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de renoncer à une carrière médicale et de poursuivre ma carrière dans la conservation de la vie sauvage, et depuis je n’ai jamais regardé en arrière.
Vous avez travaillé dans la Yankari Game Reserve pendant de nombreuses années avec WCS. Quels sont les plus grands défis pour cette réserve, qui, selon nous, abrite la plus grande population d’éléphants du Nigeria ?
J’ai passé un moment mémorable à collaborer avec WCS à la Yankari Game Reserve. Nous avons signé un accord pionnier avec l’État de Bauchi, selon lequel WCS gérait toutes les activités de conservation et d’application de la loi au nom du gouvernement, et j’étais la personne responsable sur le terrain. Certains des plus grands défis auxquels nous avons été confrontés comprenaient : (1) l’échec du gouvernement de l’État de Bauchi à remplir ses obligations comme convenu dans notre protocole d’accord, (2) les changements incessants dans le personnel et la politique du gouvernement, (3) le manque de volonté politique, (4 ) la corruption et le manque de formation / équipement pour les rangers, (5) l’empiètement des éleveurs de bétail, (6) le braconnage des éléphants, (7) la chasse, (8) les conflits homme-éléphant (CHE) et (9) la négligence des communautés environnantes. Cependant, après des années d’engagement et de travail en équipe, nous avons pu atténuer la plupart de ces problèmes, mis un terme au braconnage des éléphants, adopté une tolérance zéro à la corruption chez les rangers, la chasse et le pâturage du bétail furent réduits, bien qu’il subsiste une menace, et le soutien de la communauté à la conservation est à son plus haut niveau.
Vous avez récemment rejoint ANI (Africa Nature Investors). Quel est votre rôle et qu’espérez-vous accomplir ?
Oui, je suis très heureux d’avoir rejoint ANI. Mon rôle est de fournir un soutien indispensable à notre équipe expérimentée et motivée afin de nous assurer que nous remplissons notre mandat. ANI est dirigée par des professionnels africains engagés dans les meilleures pratiques de conservation de la Nature. Notre objectif est de catalyser la participation des Africains à la conservation et d’y attirer l’expertise et les capitaux africains sur tout le continent. Nous voulons démontrer qu’au fil du temps, si elle est bien menée, la conservation peut se gérer sur la plan financier tout en offrant des avantages tangibles aux communautés locales.
Parlez-nous un peu du parc nationale de Gashaka Gumti au Nigeria, qu’ANI contribue à restaurer. Pourquoi est-ce un endroit spécial et quels sont les défis ? Y a-t-il une chance que les éléphants y retournent ?
Le premier projet d’ANI au Nigeria est le parc national de Gashaka Gumti (GGNP), la plus grande zone protégée du Nigeria. Le parc se trouve dans les États de Taraba et d’Adamawa, juste à la frontière avec le Cameroun. La limite orientale se situe à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun. Elle est presque contiguë au parc national de Faro et au projet de parc national de Tchabal Mbabo au Cameroun. Les forêts de Gashaka sont classées comme faisant partie intégrante de l’écorégion de la Forêt des hauts plateaux du Cameroun, avec certains des taux d’endémisme végétal et animal les plus élevés du continent. Le parc abrite environ un millier de chimpanzés, l’une des plus grandes populations de la sous-espèce en voie de disparition au Nigeria et au Cameroun. Le parc est également un bastion régional pour deux des pangolins d’Afrique (géant et à ventre blanc). D’autres animaux importants incluent le léopard, le chat doré, le buffle de forêt, un large éventail de primates et d’antilopes. Le parc est également un bassin versant important pour la rivière Benue (le deuxième plus grand fleuve d’Afrique de l’Ouest) dont dépendent des millions de personnes en aval. Malheureusement, Gashaka est menacé par le braconnage, l’exploitation forestière, l’exploitation minière artisanale et les incendies de forêt causés par les communautés locales, principalement des éleveurs et des agriculteurs. Le parc est chroniquement sous-financé avec des rangers mal formés / équipés incapables de faire face à ces menaces. ANI a signé un accord de cogestion sur 30 ans avec le Nigeria National Park Service pour redresser la situation de Gashaka. Nous travaillons en étroite collaboration avec le National Park Service pour protéger le parc grâce à une meilleure application de la loi, mais aussi en travaillant avec les communautés pour leur fournir des avantages tangibles. ANI a investi dans la formation et l’équipement des rangers, l’achat de véhicules de patrouille, de tracteurs, d’un hélicoptère de patrouille, de kits, d’équipements et bien d’autres choses. De plus, nous fournissons une technologie pour garantir que ces rangers formés sont correctement soutenus et surveillés dans l’exercice de leurs fonctions. Notre objectif est de faire de la nature et de la vie sauvage une source de fierté pour les communautés avec lesquelles nous travaillons. Nous voulons également démontrer que les investissements du secteur privé peuvent rendre la conservation de la nature en Afrique durable et rentable, et apporter des avantages en matière de développement aux niveaux local et national.
Quant aux éléphants, nous pensons qu’ils sont localement éteints dans le GGNP. Cependant, nous nous engageons à faire du GGNP un endroit sûr pour la réintroduction des éléphants dans un proche avenir.
ANI intervient également dans le parc national d’Okomu, dans l’État d’Edo, au sud du Nigeria. Quels sont vos objectifs dans ces régions ?
Suite au succès du projet GGNP, ANI prévoit de protéger et de développer le parc national d’Okomu (OKNP) et la réserve forestière de Gilli-Gilli, adjacente au parc national. La réserve forestière de Gilli-Gilli (également connue sous le nom de Gele-Gele ou Gili Gili) possède un habitat similaire et elle est l’une des réserves forestières les moins dégradées de l’État. Plus précisément, nous voulons (1) mettre en place une force de rangers bien formée, équipée et motivée, (2) investir dans des infrastructures et des véhicules essentiels, et (3) travailler en étroite collaboration avec les communautés locales pour protéger la faune et la flore et les éléphants de forêt restants. Pour ce faire, nous travaillons en étroite collaboration avec le National Park Service, le gouvernement de l’État d’Edo et les communautés. Le parc représente l’un des meilleurs exemples de forêt secondaire mature subsistant dans le sud-ouest du Nigeria et il abrite d’importantes populations animales et végétales, dont certaines sont en danger critique d’extinction et d’autres endémiques à la région. Cependant, ces forêts sont de plus en plus menacées et sous la pression des activités d’exploitation forestière et de l’empiètement humain sous forme d’agriculture, de déforestation et de la croissance démographique adjacente. L’exploitation opportuniste / illégale du bois entraîne des affrontements avec les rangers et constitue une menace imminente pour les forêts et leur biodiversité. Il n’est pas exagéré de dire que si rien n’est fait, ces forêts et leurs éléphants pourraient être perdus à jamais dans un avenir proche. À l’heure actuelle, les rangers du parc et des réserves forestières de l’État sont en nombre insuffisant, mal équipés et incapables d’exercer efficacement leurs fonctions ou de faire face aux défis et aux menaces auxquelles ils sont confrontés.
Pour conclure, lorsque vous avez un week-end entier de congé, que faites-vous pour vous détendre ?
Je n’ai pas tout un week-end de congé 😊. Je travaille le week-end et j’en profite !
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