Le voyage d'un conteur dans la nature sauvage
- EPI Secretariat
- 26 juin
- 5 min de lecture
Notre ami du mois de juin est le cinéaste animalier primé originaire de la République du Congo, Vianet Djenguet, que nous avons présenté pour la première fois sur notre blog en 2023. Deux ans plus tard, nous avons retrouvé Vianet, qui travaille actuellement sur une série intitulée The Wild Ones, dont la première diffusion est prévue sur Apple TV le 11 juillet 2025. Il fait partie des trois experts qui explorent les coins cachés du monde afin de sauver six espèces menacées d'extinction. Grâce à son talent de caméraman et à ses compétences en matière de survie, l'équipe se lance dans une course contre la montre pour trouver, filmer et protéger ces créatures insaisissables avant qu'il ne soit trop tard.

En repensant à votre parcours depuis notre première rencontre dans notre blog, comment estimez-vous avoir évolué en tant que défenseur de l'environnement et narrateur?
Au fil des années, j'ai acquis une meilleure compréhension et une plus grande expérience en travaillant en étroite collaboration avec des défenseurs de l'environnement en Afrique, en Asie du Sud-Est, en Europe et en Amérique. J'ai pris conscience de la complexité réelle de la conservation, dans la mesure où ce qui fonctionne dans une partie du monde ne fonctionne pas nécessairement dans une autre. La clé réside dans la protection de la faune sauvage tout en préservant un écosystème équilibré qui inclut les êtres humains. L'objectif est la coexistence. Le modèle que je rencontre le plus souvent, et auquel j'adhère, est celui d'une relation symbiotique entre les populations et la faune sauvage. Dans ces systèmes, les communautés contribuent à la protection d'une espèce et, en retour, bénéficient d'avantages tangibles. Ce type de relation mutuellement bénéfique est une véritable réussite.
En tant que conteur, j'ai appris à faire confiance aux animaux et à leurs histoires, qui parlent d'eux-mêmes. Je passe du temps à observer la faune sauvage à travers un objectif, en la voyant d'abord d'un point de vue humain. Mais le cœur de l'histoire réside dans ce qui est en jeu pour ces animaux, leur besoin d'être entendus. Ces histoires deviennent souvent des expériences viscérales et émouvantes pour le public, qui réagit avec empathie. En fin de compte, il s'agit de connecter les gens au monde naturel.
Comment avez-vous été impliqué dans The Wild Ones, et qu'est-ce qui vous a attiré dans ce projet?
J'ai été attiré par le format de The Wild Ones dès le début. Il donne la parole à des espèces qui ne survivraient pas sans les efforts de conservation et aux personnes qui travaillent sans relâche pour protéger les derniers représentants de leur espèce. J'ai toujours aimé rencontrer des communautés locales qui font de leur mieux, souvent avec des ressources limitées, sans jamais reculer devant les défis auxquels elles sont confrontées. Être témoin de leur joie et de leur sentiment d'accomplissement lorsqu'elles sauvent ne serait-ce qu'un seul animal est incroyablement émouvant. Leur dévouement, leur ténacité et leur courage méritent d'être connus du public du monde entier.
Y a-t-il eu un moment pendant le tournage où vous vous êtes senti particulièrement reconnaissant pour les expériences qui vous ont amené jusqu'ici?
De nombreux moments pendant le tournage m'ont rendu reconnaissant de faire partie de cette aventure, mais l'un d'entre eux m'a particulièrement marqué. Alors que nous filmions au large des côtes canadiennes, l'équipe de sauvetage a découvert une baleine franche empêtrée dans des filets de pêche. Sa bouche était ligotée et elle était visiblement en détresse et affaiblie. L'équipe de sauvetage a réagi rapidement et avec détermination. Malgré le danger, un seul coup de queue de la baleine aurait pu renverser le bateau, mais ils n'ont pas abandonné avant de l'avoir libérée.
Le moment où elle s'est éloignée a été un immense soulagement et une grande joie. Un autre moment inoubliable s'est produit lors du tournage sur les gorilles des plaines occidentales au Gabon. Les guides et les pisteurs locaux étaient visiblement ravis de voir les images d'une troupe de gorilles qu'ils avaient recherchée pendant longtemps. Ce moment a révélé à quel point ces animaux comptent pour eux. Capturer ces images leur a donné de l'espoir, non seulement pour les gorilles, mais aussi pour leur avenir. L'habituation réussie de ce groupe pourrait apporter à leur village des revenus durables, de l'eau potable, une école et les moyens de protéger leur foyer et la forêt qu'ils partagent avec ces magnifiques animaux.

La série couvre six pays et plusieurs espèces. Comment votre rôle de conteur écologique et de cinéaste animalier a-t-il influencé la manière dont l'équipe a abordé chaque site et ses défis?
En tant que cinéaste animalier et conteur écologique, j'ai apporté plus de 15 ans d'expérience sur le terrain à ces expéditions difficiles. Grâce à un long objectif, j'ai pu capturer des détails fins et aider à identifier les animaux individuellement, puis comparer ces observations avec les images enregistrées par des pièges photographiques, des appareils photo automatiques installés pour capturer les animaux sauvages qui passent. Les images que je capture aident les scientifiques à documenter ces animaux et leur comportement, ce qui constitue un élément essentiel de leurs stratégies de conservation. Cependant, cette série ne ressemble pas à un documentaire animalier traditionnel, qui se concentre sur le comportement des animaux. Il s'agit d'espèces en danger critique d'extinction, certaines si rares que même les localiser a été un défi monumental. Par exemple, on estime qu'il ne reste qu'environ 40 ours du Gobi dans tout le désert du Gobi, une région deux fois plus grande que la France. Mon approche consiste à faire participer le public à la recherche, en lui permettant d'assister au moment où nous trouvons enfin un animal incroyablement rare. Ce lien, le fait de voir une espèce menacée survivre contre toute attente, souligne l'effort et la profonde satisfaction que procure le fait de capturer cet instant fugace sur pellicule. Cela met en évidence la réalité de la conservation.

De l'insaisissable ours du Gobi au gorille des plaines occidentales du Gabon, quelle espèce ou quel lieu vous a le plus marqué personnellement, et pourquoi?
Chaque lieu et chaque espèce ont une signification particulière pour moi, mais certains se démarquent davantage que d'autres.
Mongolie – Ours du Gobi : avec si peu d'individus encore en vie, filmer ici a été une expérience qui m'a rendu humble. L'immensité et l'isolement du désert soulignaient la vulnérabilité de l'ours.
Malaisie – Tigre de Malaisie : Ces tigres sont au bord de l'extinction. En voir un, même avec un piège photographique, c'était comme voir un fantôme.
Gabon – Gorille des plaines occidentales : Le lien entre les gorilles et les communautés locales a rendu ce voyage particulièrement émouvant.
Arménie – Léopard du Caucase : Incroyablement insaisissable et rarement vu, le moment où nous avons capturé le moindre signe de sa présence a été inoubliable.
Canada – Baleine noire de l'Atlantique Nord : Participer à une mission de sauvetage d'une baleine empêtrée a été une expérience très émouvante, emblématique des défis et des victoires du travail de conservation.
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